Les noms de domaine en .AI sont de plus en plus nombreux sur internet. Ils sont principalement portés par l’engouement autour de l’AI (« Artificial Intelligence »), soit l’intelligence artificielle.
Pourtant l’extension internet .AI est l’extension pays de Anguilla. Anguilla est un territoire britannique d’outre-mer situé dans les Caraïbes orientales. L’archipel fait un petit plus de 100 km2. Néanmoins, ce territoire dispose d’un « ccTLD » (« Country Code Top Level Domains ») : le fameux .AI.
Il faut rappeler qu’il existe deux grands types d’extensions. Il y a celles rattachées à un territoire comme le .FR pour la France. A ce jour, il y a en 316.
L’autre grande catégorie est composé des extensions génériques (« gTLDs », « Generic Top Level Domains »). Elles comprennent 22 « gTLDs » historiques comme le .COM et les nouvelles extensions internet (« nTLDs ») apparues en 2013. Il existe 1 263 « nTLDs ».
Pourtant, certaines extensions pays (les « ccTLDs ») sont parfois détournées de leur sens original au profit d’un usage générique. C’est notamment le cas pour le célèbre .TV des îles Tuvalu « markété » pour du contenu vidéo.
Il faut rappeler que chaque registre d’une extension internet en définit les règles et les prix. Ainsi, certains « ccTLDs » ont des conditions d’enregistrement réservées uniquement aux particuliers ou sociétés du pays. D’autres (la majorité) sont ouvertes à tous.
Plus de 285 000 noms de domaine en .AI
Les noms de domaine en .AI sont ouverts à tous. N’importe qui peut en déposer un ou plusieurs. D’après Devellopez.com, les noms de domaine en .AI « ont grimpé en flèche de décembre 2022 à mars 2023. Le pic semble avoir commencé juste après le lancement de ChatGPT par OpenAI ».
Cet engouement a été ressenti jusqu’à Google. Leptdigital a indiqué qu’en juin 2023, Google a « mis à jour la documentation « Google Search Central » en ajoutant le domaine de premier niveau générique (ccTLD) .ai à la liste des domaines qu’il considère comme des domaines de premier niveau génériques (gTLDs) ».
Ainsi, Google a jugé plus pertinent de traiter le .AI comme s’il ne correspondait pas à une zone géographique compte tenu de son usage de plus en plus associé à l’intelligence artificielle.
Le .AI rejoint ainsi une vingtaine d’extensions que Google nomme des « Generic Country Code Top Level Domains ». Parmi les plus connus d’entre eux, il y a le .CC, le .FM, le .IO ou le .ME.
Plusieurs sociétés ont adopté les noms de domaine en .AI comme <blent.ai>, <bodyguard.ai>, <character.ai>, <davi.ai>, <microsoft.ai>, <smartway.ai>, <stability.ai> ou <x.ai>, détenu par Elon Musk, CEO également de SpaceX, Tesla ou Twitter.
Selon GEO, il y aurait désormais 287 000 noms de domaine déposés en .AI. Cela reste anecdotique par rapport aux 355 millions de noms de domaine déposés dans le monde dont 161 M sont des .COM.
Combien coûte un nom de domaine en .AI ?
Cependant, le registre des noms de domaine en .AI vend le dépôt dans son extension aux bureaux d’enregistrement de noms de domaine à un prix élevé. Ainsi, le prix de vente du registre est de 140 $ pour une durée minimale d’enregistrement sur 2 ans.
Le potentiel acquéreur d’un .AI doit l’acheter auprès d’un « registrar » qui va le vendre plus cher avec sa marge et ses services associés. Ainsi, un nom de domaine en .AI s’achète chez 236 € HT chez Gandi, 228 € HT chez Solidnames.
Ce prix élevé assure 20 millions de dollars de revenus annuels à Anguilla. Dans ces conditions, il s’agit d’une manne financière importante pour les 18 000 habitants de l’archipel, dont le PIB est de 320 M $ d’après Wikipedia.
Enchères de noms de domaine expirés en .AI
Le registre maximise ses profits car il met aux enchères les noms de domaine expirés. C’est-à-dire qu’un nom de domaine en .AI non renouvelé par son titulaire va être mis aux enchères par le registre lui-même.
Sur son site dédié, clean.ai est ainsi aux enchères pour 10 200 $.
Les noms de domaine en .AI n’échappent pas au cybersquatting
Malgré son prix d’achat élevé, des cybersquatteurs ont enregistré des noms de domaine en .AI correspondant à des marques, souvent notoires.
Les litiges concernant les noms de domaine en .AI peuvent être gérées auprès de l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle). La résolution de litige se fait sur les principes de l’ « UDRP ».
L’OMPI a déjà géré 10 litiges en 2023 (ex : Bayer, BforBank, Carrefour, Leclerc…). Ce chiffre est beaucoup plus important qu’en 2022 avec 4 cas. En 2021, il y a eu 5 litiges tout comme en 2020 et 2019.
Compte tenu de l’importance que comme à prendre le .AI, cette extension peut être intégrée dans une stratégie de dépôts préventifs pour les marques notoires ou dans ce secteur d’activité technologique lié à l’intelligence artificielle.
Enfin, il est toujours recommandé de mettre en place une surveillance de marque parmi les nouveaux dépôts de noms de domaine. Le service Brand Alert de Solidnames interroge par exemple le .AI comme les autres extensions internet.